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La maltraitance : comment réagir en tant qu’évaluateur ?

La maltraitance envers les personnes vulnérables est un problème de société majeur qui nous concerne tous. D’autant plus, en tant qu’évaluateur ou simple témoin, il est crucial de savoir comment réagir efficacement pour protéger les victimes potentielles et prévenir de futures situations abusives. Cet article vous guidera pas à pas pour comprendre, repérer et agir face à la maltraitance en établissement.

1. Comprendre la maltraitance et la bientraitance

Avant toute chose, il est essentiel de bien saisir ces deux concepts clés sur la maltraitance :

Qu’est-ce que la maltraitance ?

La maltraitance est désormais définie légalement comme « un geste, une parole, une action ou un défaut d’action, qui compromet ou porte atteinte à la santé, à la sécurité, au bien-être physique ou mental, à la dignité ou au développement de la personne ». Aussi, elle peut prendre diverses formes :

  • Violences physiques
  • Négligences actives ou passives
  • Abus psychologiques ou émotionnels
  • Abus financiers ou matériels
  • Violations des droits fondamentaux

Il est important de noter que la maltraitance peut être intentionnelle ou non. En effet, parfois, elle résulte de l’épuisement des soignants ou d’un manque de formation.

La bientraitance : bien plus qu’une absence de maltraitance

La bientraitance va au-delà de la simple absence de maltraitance. En fait, c’est une démarche positive visant à promouvoir le bien-être des personnes accompagnées en respectant leurs droits et leur dignité. Ainsi elle implique :

  • Le respect des choix et de l’autonomie de la personne
  • Une attitude bienveillante et empathique
  • La personnalisation de l’accompagnement
  • Le maintien d’un environnement adapté et sécurisant

2. Repérer les signaux d’alerte

En tant qu’évaluateur ou témoin, votre vigilance est cruciale. Voici les principaux signaux de maltraitance qui peuvent vous être rapportés sur le terrain :

Chez la personne accueillie

  • Changements soudains de comportement (repli sur soi, agressivité inhabituelle)
  • Marques physiques inexpliquées (bleus, griffures, brûlures)
  • Perte de poids rapide ou signes de déshydratation
  • Anxiété ou peur en présence de certains membres du personnel
  • Disparition inexpliquée d’objets personnels ou d’argent

Dans l’environnement et l’organisation

  • Manque de personnel chronique ou turn-over important
  • Hygiène des locaux négligée
  • Absence de projet personnalisé pour les résidents
  • Restrictions excessives de liberté (contentions abusives, portes fermées systématiquement)
  • Infantilisation des personnes accueillies dans le langage ou les pratiques

3. Comment réagir face à une suspicion de maltraitance ?

Si vous suspectez une situation de maltraitance, voici la marche à suivre :

  1. Gardez votre calme et évitez de porter des accusations hâtives. La situation est souvent complexe et nécessite une analyse approfondie.
  2. Écoutez attentivement la personne concernée si elle se confie à vous. Montrez-vous bienveillant et rassurant. Enfin, ne la jugez pas et ne minimisez pas ses propos.
  3. Documentez vos observations de manière factuelle et datée. Notez précisément ce que vous avez vu, entendu ou ressenti, sans interprétation.
  4. Signalez la situation aux autorités compétentes ou à la direction de l’établissement selon le contexte. Ne gardez pas ces informations pour vous, même si vous avez des doutes.
  5. Proposez votre soutien à la victime potentielle tout en respectant son autonomie et ses choix.

4. Prévenir la maltraitance institutionnelle

La prévention de la maltraitance est l’affaire de tous. Voici comment y contribuer en tant que professionnel :

  • Formez-vous régulièrement sur la bientraitance et la prévention de la maltraitance. Les connaissances et les bonnes pratiques évoluent constamment.
  • Favorisez une culture du signalement sans crainte de représailles. Encouragez vos collègues à parler ouvertement des situations qui les interpellent.
  • Pratiquez l’auto-évaluation régulière de vos pratiques. Puis, remettez-vous en question et soyez ouvert aux retours de vos pairs.
  • Soyez vigilant aux facteurs de risque organisationnels comme le sous-effectif chronique, le manque de matériel adapté ou les dysfonctionnements dans la communication entre équipes.
  • Participez activement aux réunions d’équipe et aux analyses de pratiques. En effet, ces moments d’échange sont précieux pour améliorer la qualité de l’accompagnement.

5. Promouvoir la bientraitance au quotidien

La bientraitance n’est pas un concept abstrait mais une pratique concrète à mettre en œuvre chaque jour :

  • Respectez les droits et libertés des personnes accompagnées. Par ailleurs, leur consentement doit être recherché pour chaque acte de la vie quotidienne.
  • Favorisez leur pouvoir d’agir et leur autonomie. En outre, encouragez-les à faire des choix et à participer aux décisions qui les concernent.
  • Adoptez une posture d’écoute et d’empathie. De même, prenez le temps d’échanger avec les personnes, de comprendre leurs besoins et leurs attentes.
  • Personnalisez l’accompagnement selon les besoins individuels. En effet, cChaque personne est unique et mérite une attention particulière.
  • Veillez à la qualité de vie des personnes accueillies. Un environnement agréable, des activités stimulantes et des relations sociales positives sont essentiels à leur bien-être.

6. Que faire en cas de maltraitance avérée ?

Aussi, si vous êtes confronté à une situation de maltraitance avérée, voici les étapes à suivre :

  1. Protégez la victime en l’éloignant de la situation dangereuse si nécessaire. Autrement dit, sa sécurité est la priorité absolue.
  2. Alertez immédiatement votre hiérarchie et les autorités compétentes. Ne laissez pas la situation perdurer.
  3. Apportez votre témoignage de manière factuelle et détaillée. Votre contribution est essentielle pour comprendre ce qui s’est passé et prendre les mesures appropriées.
  4. Participez aux retours d’expérience organisés par l’établissement. Grâce à ces analyses cruciales, les ESSMS pourront améliorer leurs pratiques et éviter que de telles situations ne se reproduisent.
  5. Assurez-vous du suivi de la situation et du soutien apporté à la victime. En effet, la prise en charge ne s’arrête pas au signalement, un accompagnement dans la durée est souvent nécessaire.

7. L’importance d’être informé en continue

En tant qu’organisme d’évaluation, nous vous proposons régulièrement des webinaires d’information et des groupes de travail portant sur la maltraitance ou autres sujets en lien avec cette question. À savoir que nous nourrissons notre Newsletter d’informations clés et de webinaires riches : inscrivez-vous dès maintenant !

Conclusion : la vigilance de tous pour une société bientraitante

Enfin, la lutte contre la maltraitance et la promotion de la bientraitance sont l’affaire de tous. En tant qu’évaluateur ou témoin, votre vigilance et votre réactivité peuvent faire toute la différence pour protéger les personnes vulnérables. Rappelez-vous que la bientraitance n’est pas un idéal inatteignable, mais une pratique quotidienne faite de petites attentions et de respect mutuel. En effet, chacun à notre niveau, nous pouvons contribuer à construire une société plus bienveillante et respectueuse envers les personnes en situation de vulnérabilité. Restez attentif, formez-vous régulièrement, et aussi n’hésitez jamais à signaler une situation qui vous interpelle. Votre action peut changer une vie.

Récapitulatif de la conduite à tenir selon le niveau de gravité de la situation de maltraitance

D’ailleurs, pour plus de détails, vous pouvez prendre connaissance du rapport de la HAS sur la Bientraitance et gestion des signaux de maltraitance en établissement.

Enfin, lisez notre article sur La reconnaissance sociale et l’engagement des usagers