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La pair-aidance : un levier essentiel pour l’amélioration des ESSMS

Tout d’abord, la pair-aidance est un concept innovant qui prend de plus en plus d’importance dans le secteur médico-social. Les organismes évaluateurs des Établissements Sociaux et Services Médicaux Sociaux (ESSMS) doivent comprendre et évaluer correctement cette pratique. La Haute Autorité de Santé (HAS) l’a intégrée au référentiel d’évaluation.

Cependant, certains établissements ne formalisent pas encore la pair-aidance, car ils connaissent peu ce concept. Malgré cela, les professionnels peuvent encourager cette pratique grâce à sa définition claire. Il est donc essentiel que chacun s’informe pour la promouvoir et en tirer les bénéfices..

1. Qu’est-ce que la pair-aidance ?

Pour commencer, la pair-aidance regroupe un ensemble de pratiques d’accompagnement, d’entraide et de soutien basées sur le partage d’expériences vécues. Cette approche innovante s’appuie sur le principe que des personnes ayant traversé des difficultés similaires peuvent s’entraider efficacement.

Dans le contexte des ESSMS, elle se définit comme une forme d’accompagnement où une personne utilise son savoir expérientiel. Autrement dit, les connaissances acquises à travers sa propre expérience de vie, pour aider d’autres personnes vivant des situations comparables. Ces expériences peuvent inclure la vie à la rue, la précarité, les conduites addictives ou les troubles psychiatriques.

Aussi, il est important de noter que la pair-aidance ne se limite pas à la simple expérience vécue. Elle implique également la transformation de cette expérience en un véritable savoir expérientiel. Et cette dernière comprend des connaissances et des compétences spécifiques qui permettent d’accompagner et de soutenir efficacement les personnes confrontées à des réalités semblables.

2. L’importance de la pair-aidance dans l’évaluation des ESSMS

De plus, la HAS a reconnu l’importance de la pair-aidance. C’est pourquoi elle l’a intégré comme critère d’évaluation (critère 1.8.5) dans son référentiel ESSMS. Cette inclusion souligne l’importance accordée à cette approche dans l’amélioration de la qualité des services. Ainsi, les évaluateurs doivent être particulièrement attentifs à sa mise en œuvre au sein des établissements.

Cependant, il est important de noter que la notion de pair-aidance est souvent méconnue et incomprise par les professionnels et les évaluateurs. Cette méconnaissance peut conduire à des cotations qui ne sont pas en corrélation avec les attentes de la HAS. Il est donc essentiel de bien comprendre ce concept et ses implications pour pouvoir l’évaluer correctement.

3. Les bénéfices

En effet, la pair-aidance apporte de nombreux avantages. Et ce, pour les personnes accompagnées mais aussi pour les établissements qui la mettent en œuvre :

  1. Rétablissement et empowerment : La pair-aidance favorise le rétablissement et l’empowerment des personnes accompagnées. En voyant que d’autres ont surmonté des difficultés similaires, les bénéficiaires peuvent reprendre espoir et se sentir capables de progresser.
  2. Enrichissement des pratiques professionnelles : L’intégration de pairs-aidants dans les équipes apporte un savoir expérientiel unique. Il complète et enrichit les connaissances professionnelles traditionnelles.
  3. Déstigmatisation : La pair-aidance contribue à déstigmatiser certaines situations de vie. Elle montre qu’il est possible de surmonter les difficultés et de transformer son expérience en ressource.
  4. Amélioration de la communication : Les pairs-aidants peuvent faciliter la communication entre les professionnels et les personnes accompagnées. Ils peuvent servir de « pont » entre ces deux mondes.
  5. Renforcement de la confiance : La relation de pair à pair peut favoriser l’établissement d’une relation de confiance plus rapide et plus profonde.

4. L’évaluer dans les ESSMS

D’autre part, pour évaluer efficacement la pair-aidance, les évaluateurs doivent prendre en compte plusieurs aspects :

  1. Existence de dispositifs de pair-aidance : Vérifier si l’établissement a mis en place des dispositifs formels de pair-aidance.
  2. Valorisation du savoir expérientiel : Les évaluateurs doivent vérifier comment l’établissement reconnaît, valorise et intègre le savoir expérientiel des pairs-aidants dans ses pratiques.
  3. Formation et accompagnement des pairs-aidants : S’assurer que les pairs-aidants reçoivent une formation adéquate et un accompagnement continu pour exercer leur rôle efficacement.
  4. Intégration dans l’équipe : Les évaluateurs doivent analyser la manière dont l’équipe pluridisciplinaire intègre les pairs-aidants et vérifient si les autres professionnels comprennent et acceptent leur rôle.
  5. Impact sur la qualité de l’accompagnement : Mesurer l’impact de la pair-aidance sur la qualité globale de l’accompagnement proposé aux personnes.
  6. Respect du choix des personnes accompagnées : les personnes accompagnées choisissent librement d’entrer dans une relation de pair-aidance et qu’elles peuvent sélectionner leur pair-aidant.

5. Sa mise en œuvre dans les ESSMS

Aussi, pour mettre en place une démarche de pair-aidance efficace, les ESSMS doivent prendre en compte plusieurs éléments :

  1. Sensibilisation et formation : Il est crucial de sensibiliser l’ensemble du personnel à la pair-aidance et de former spécifiquement les pairs-aidants.
  2. Définition claire des rôles : L’établissement doit clairement définir et communiquer les rôles et responsabilités des pairs-aidants à l’équipe.
  3. Soutien institutionnel : La direction de l’établissement doit soutenir activement la démarche de pair-aidance et créer un environnement favorable à son développement.
  4. Évaluation continue : Il est important de mettre en place des mécanismes d’évaluation continue pour mesurer l’impact de la pair-aidance et l’ajuster si nécessaire.
  5. Collaboration avec des associations : Les ESSMS peuvent bénéficier de collaborations avec des associations spécialisées dans la pair-aidance pour enrichir leurs pratiques.

6. Les défis

Malgré ses nombreux avantages, il convient également d’aborder certains défis liés à sa mise en œuvre :

  1. Résistance au changement : Certains professionnels peuvent être réticents à l’intégration de pairs-aidants dans l’équipe.
  2. Définition des limites : Il peut être difficile de définir clairement les limites du rôle du pair-aidant par rapport aux autres professionnels.
  3. Gestion émotionnelle : Les pairs-aidants peuvent être confrontés à des situations qui ravivent leurs propres expériences difficiles.
  4. Reconnaissance professionnelle : La reconnaissance du statut professionnel des pairs-aidants peut être un enjeu important.
  5. Évaluation des compétences : Il peut être complexe d’évaluer les compétences spécifiques liées au savoir expérientiel.

En somme, la pair-aidance représente un levier puissant pour améliorer la qualité des services dans les ESSMS. En tant qu’évaluateurs, il est essentiel non seulement de bien comprendre ce concept mais aussi d’en évaluer avec justesse ses impacts positifs sur le parcours des personnes accompagnées. Une bonne intégration de cette approche témoigne non seulement d’une capacité d’innovation mais aussi d’une volonté ferme d’humaniser le parcours d’accompagnement social.

De manière générale, il est clair que promouvoir et encourager le développement efficace de la pair-aidance au sein des ESSMS contribuera significativement à améliorer non seulement le bien-être des bénéficiaires mais aussi celui des professionnels impliqués dans ce processus enrichissant.

Source : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-03/manuel_devaluation_de_la_qualite_essms.pdf

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